MASSIF DES VOSGES MAGAZINE Berchigranges le jardin du bien-être

Et si le bonheur n'était pas seulement dans le pré, mais juste à côté, dans ce pré à peine apprivoisé que constitue le jardin ? La question trouve sa réponse à Granges sur Vologne (Vosges). A 700 mètres d'altitude, Thierry et Monique Dronet ont planté un décor fabuleux, un jardin à la personnalité affirmée, où tout est pensé pour le bien-être et l'évasion.

Le lieu possède la magie des territoires sans réelle entrée ni sortie, bout de terre sans marge qui vous capture aussitôt le seuil franchi.

Ici un petit filet d'eau a été "rassemblé" en une cascade murmurante et serpente entre les parterres de primevères. Là des narcisses se mirent dans l'onde paisible d'un étang, effet garanti sur cette eau qu'on a "fait dormir".

"C'est le terrain qui nous guide ; l'humidité, la sécheresse, le sable, la roche, un arbre...", estime Thierry. Le trait est modeste.

Il ne résiste pas bien longtemps à l'étalage de toutes les merveilles que les deux artistes réalisent depuis plus de quinze ans, prolongement de l'oeuvre de Dame Nature.
 
Petits coins de poésie

Monique avoue sans ambages son admiration pour le jardin de cottage. Pourtant, à Berchigranges, rien ne peut ressembler à ce qui se fait ailleurs.

En effet, l'espace aménagé est l'expression de l'imagination de ses auteurs. En lignes courbes, parfois. La création est le maître-mot, qui guide les mains expertes en agencement et les esprits fertiles en idées.

Le jardin "Ail et Ouille", le "Salon de Thym", la "Chambre des Dames", le "Jardin de la Tempête", autant de petits coins de poésie où la nature se pare, où les couleurs se révèlent, où les odeurs explosent.

"Un jardin, c'est aussi l'histoire d'une vie, d'un lieu, renchérit Thierry ; quand j'ai commencé, je voulais aménager l'espace autour de chez moi." Un espace que la passion a dévoré, lorsque la route du jardinier a croisé le chemin de la pépiniériste...

Jardin des sens, jardin des émotions, jardin paradoxe ou jardin passion, à chacun sa déclinaison sous le couvert de Berchigranges. Jardin du bien-être en tout cas, puisque le curieux, le profane aussi bien que le botaniste, ont tout loisir pour faire s'arrêter le temps et vivre l'instant.

Au sein des deux hectares de ce petit paradis floral et sylvestre, le spectacle prend des tours variés, inédits pour qui veut découvrir sous tous les angles le pavot bleu de l'Himalaya, les géraniums, les roses ou encore le cerisier sauvage du Tibet.
 
Ivres de liberté

Peinture figée ? Nature morte ? Rien de tout cela ; les formes se révèlent sous tous les climats, le jardin vit avec les saisons. "On ne contrôle pas tout, jure Monique.

Quand on plante, on sait ce que ça donne en général, mais on n'est jamais certains de l'expression finale." Et quand ce ne sont pas les plantes qui promettent de l'imprévu, Thierry et Monique laissent parler leur imaginaire. En projet, la rencontre de la ligne droite et des courbes, à une extrémité du jardin."

C'est un endroit où le jardin s'ouvre vers la nature, en surplomb de la prairie, explique Thierry, le regard fixé vers un décor immatériel ; les plantes y feront ce qu'elles veulent..."

Philippe Lemoine